Accusés de « terrorisme » pour avoir utilisé des messageries chiffrées

messagerie chiffrée
messagerie chiffrée

La Quadrature du Net déplore que des militants libertaires sont accusés d’ « association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes », sans preuves, au prétexte qu’ils auraient utilisé des messageries chiffrées, et donc empêché les enquêteurs de pouvoir y accéder.

La Quadrature du Net déplore qu’« un nombre considérable d’outils et de pratiques de protection des données personnelles sont utilisés comme autant d’éléments à charge venant caractériser une soi-disant « clandestinité » révélatrice d’un comportement criminel ».

Dans un (long) plaidoyer (fort) documenté, intitulé « Le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste », l’ONG de défense des libertés numériques revient et analyse l’affaire dite du 8 décembre 2020, du nom donné à l’arrestation musclée et controversée, par la DGSI et le RAID, suivies de l’inculpation, par la justice antiterroriste, de neuf personnes présentées comme « membres de l’ultragauche ».

Sept furent ensuite mises en examen, et cinq placées en détention provisoire. L’État a récemment été condamné à indemniser l’un d’entre eux, placé 16 mois à l’isolement, et qui n’en fut libéré qu’aux termes d’une grève de la faim de 37 jours.

Ce dernier, un militant libertaire connu sous le pseudonyme de Libre Flot, avait été placé sous surveillance par la DGSI après avoir combattu Daech pendant plusieurs mois aux côtés des YPG (Yekîneyên Parastina Gel, Unités de protection du peuple en kurde) du Rojava (ou Kurdistan occidental, en Syrie) en compagnie de militants internationalistes.

L’ensemble des personnes mises en examen l’auraient été parce qu’ils avaient été en lien avec lui, puis soupçonnées d’« association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes ».

La Quadrature rappelle que l’accusation de terrorisme est vivement rejetée par les inculpés, qui dénoncent « un procès politique, une instruction à charge et une absence de preuves », et déplorent en particulier « des propos décontextualisés et l’utilisation à charge de faits anodins (pratiques sportives, numériques, lectures et musiques écoutées…) ».

À l’instar de l’affaire dite de Tarnac, leur arrestation avait été accompagnée de fuites opportunes dans les médias, voire d’instrumentalisations politiques fustigeant l’ « ultra-gauche ». Et ce, au motif qu’elles étaient « soupçonnées de projets d’actions violentes ciblant des policiers, sans qu’un projet précis de passage à l’acte ait été identifié », comme l’avait pourtant rapporté Le Monde.

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