Au Mexique, le sous-ministre qui enquêtait sur Pegasus a lui aussi été victime du logiciel espion

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Alors que seule l’armée était autorisée à utiliser le logiciel espion de la société israélienne NSO Group, le procureur général mexicain a également annoncé qu’il allait poursuivre quatre anciens policiers pour l’achat et l’utilisation illégale de Pegasus « afin d’espionner des civils », et pour avoir perçu des pots-de-vin.

Le plus haut responsable des droits humains mexicains, qui enquêtait sur les abus commis par l’armée mexicaine au moyen du logiciel Pegasus, a vu son téléphone être infecté « à plusieurs reprises » par le logiciel espion, révèle The New York Times.

Sous-secrétaire aux droits de l’homme du Mexique (équivalent d’un sous-ministre au Mexique), Alejandro Encinas serait l’ « une des rares personnes » à oser critiquer l’armée depuis l’intérieur de l’administration, mais également un ami de longue date du président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, et « partenaire politique » de ce dernier « depuis plus de 20 ans », précise le Times.

Le président l’avait chargé d’enquêter sur la responsabilité de l’armée dans l’espionnage de défenseurs des droits humains et de journalistes « pendant le mandat de M. López Obrador » et des proches et familles de 43 étudiants « disparus » en 2014. Ceux-ci avaient été arrêtés par la police locale et confiés à un cartel de trafiquants de drogue.

Les téléphones de deux autres fonctionnaires travaillant avec M. Encinas sur les violations des droits par les forces armées auraient, eux aussi, été infectés, d’après trois personnes ayant eu connaissance d’analyses effectuées par le laboratoire d’analyse inforensique Citizen Lab qui, une fois n’est pas coutume, s’est refusé à tout commentaire.

L’été dernier, ils avaient publié un rapport qualifiant la disparition des 43 étudiants, considérée comme la pire violation des droits humains dans l’histoire récente du pays, de « « crime d’État » impliquant tous les niveaux du gouvernement », qu’il s’agisse des autorités « fédérales, étatiques et municipales », qui « ont eu connaissance des mouvements des étudiants » et dont les « actions, leurs omissions et leur participation ont permis la disparition et l’exécution des étudiants, ainsi que l’assassinat de six autres personnes ».

Alejandro Encinas a depuis reconnu qu’ « un pourcentage très important » de leur enquête avait dû être invalidé. Une source leur avait en effet confié 467 captures d’écran de messages WhatsApp incriminants qu’ils ont finalement dû écarter, faute de pouvoir les authentifier, et reconnaissant qu’elles pourraient avoir été fabriquées.

Encinas n’en reste pas moins confiant dans les conclusions de leur enquête, mais les avocats des militaires incriminés ont appelé à sa démission, et l’ont poursuivi en Justice pour « falsification de preuves ».

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