Comment l’Ukraine fait la guerre avec la reconnaissance faciale, depuis 2017

Comment l'Ukraine fait la guerre avec la reconnaissance faciale

Le logiciel controversé de reconnaissance biométrique faciale Clearview a été offert gratuitement aux autorités ukrainiennes, qui s’en servent pour identifier suspects et cadavres. Mais également pour contacter les familles de soldats morts.

On en sait maintenant un peu plus sur l’utilisation, par les autorités ukrainiennes, de la technologie de reconnaissance biométrique faciale Clearview AI. La semaine passée, la BBC expliquait avoir « reçu des preuves » qu’elle aurait été « utilisée – dans plus d’un millier de cas – pour identifier à la fois des vivants et des morts » .

Clearview a par ailleurs confirmé à la BBC que sa technologie était aussi utilisée par les autorités ukrainiennes pour essayer d’identifier de potentiels suspects ou ennemis aux checkpoints, comme nous le révélions la semaine passée après que le service de contre-espionnage ukrainien a lancé une application de reconnaissance faciale pour l’aider à « rechercher des suspects ».

« Le système nous a donné la possibilité de confirmer rapidement l’exactitude des données concernant les suspects détenus », indique un e-mail d’une agence ukrainienne consulté par la BBC : « plus de 1 000 requêtes de recherche ont été effectuées pour procéder à la vérification et à l’identification » de suspects, précise l’email.

Aric Toler, directeur de recherche chez Bellingcat, explique à la BBC que « même les personnes qui n’ont pas de comptes sociaux peuvent être trouvées » :

« Ils n’ont peut-être pas de profil sur les réseaux sociaux, mais leurs épouses ou petites amies si… parfois, ils ont des profils et ils vivent dans une petite ville avec une grande base militaire. Ou ils peuvent avoir beaucoup d’amis qui sont actuellement dans leur unité. »

Bellingcat était ainsi parvenu à mettre un visage sur le général russe soupçonné d’avoir organisé de nombreuses opérations clandestines en Europe, y compris l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergei Skripal, « et un coup d’État raté ». S’il n’avait pas de profil sur les réseaux sociaux, il avait cela dit assisté au mariage de sa fille, qui avait partagé des photos sur Instagram du « plus beau jour de sa vie ».

Les autorités ukrainiennes ne précisent pas combien de personnes auraient pu être identifiées, se bornant à n’évoquer qu’un seul cas de cadavre préalablement non identifié. Non content de retrouver des photos d’un individu particulièrement ressemblant, Clearview leur en a fourni une le montrant torse nu, et révélant un tatouage correspondant à celui situé sur l’épaule gauche du décédé.

Un tueur à gages du FSB, qui protestait de son innocence et se faisait passer pour un simple touriste, avait de même été démasqué par le moteur de reconnaissance faciale de Microsoft, quand bien même un être humain n’aurait probablement pas identifié qu’il s’agissait d’un seul et même individu.

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Cette identification avait là aussi été confirmée en comparant des photos récupérées dans le village de naissance du tueur présumé avec celles du soi-disant touriste : ils avaient le même tatouage, comme l’expliquait à l’époque le collectif d’enquêteurs OSINT BellingCat.

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