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Des espions fabriqués, identifiés, lâchés et livrés à leur triste sort par la CIA

Le « système de communications clandestines » (ou « covcom ») défectueux de la CIA (voir le premier volet de cette série, en trois parties) était constitué de centaines de vrais-faux sites cachant une messagerie dédiée aux « informateurs de bas niveau » du service de renseignement américain.

Des espions de la CIA identifiés dès leur arrivée à l’aéroport

En 2020, une nouvelle enquête de Zach Dorfman pour Foreign Policy, basé sur des entretiens avec plusieurs dizaines d’anciens membres du renseignement américain, révélait qu’aux alentours de 2013, des agents sous couverture de la CIA avaient en outre été « rapidement identifiés » en Afrique et en Europe par le contre-espionnage chinois :

« Dans certains cas, la surveillance par les agents chinois a commencé dès que les agents de la CIA ont franchi le contrôle des passeports. Parfois, la surveillance était si flagrante que les responsables du renseignement américain ont supposé que les Chinois voulaient que la partie américaine sache qu’ils avaient identifié les agents de la CIA, afin de perturber leurs missions ; d’autres fois, cependant, elle était beaucoup plus subtile et n’était détectée que par les capacités techniques sophistiquées de contre-surveillance des agences d’espionnage américaines. »

La CIA avait en effet profité de l’expansionnisme chinois, notamment en Afrique, pour y recruter et traiter de nouvelles sources qu’elle aurait eu bien plus de difficultés à rencontrer en Chine.

Ses efforts furent tellement couronnés de succès qu’à partir de 2010, les responsables chinois, jusqu’aux « plus hauts niveaux du gouvernement » (signe qu’ils avaient bien été compromis), étaient furieux de découvrir que la CIA avait de la sorte réussi à recruter des espions jusque dans l’armée, le parti communiste chinois (PCC) et même les services de renseignement.

« Dans les années 2000, si vous étiez chef de poste [c’est-à-dire le principal espion d’une installation diplomatique étrangère, ndlr] pour certains services de cibles dures [chinoises, russes, iraniennes et nord-coréennes, ndlr], vous pouviez gagner un million par an en travaillant pour nous », expliquait un ancien fonctionnaire de l’agence à Zach Dorfman.

Aux alentours de 2010, les services chinois avaient par contre-coup développé « un programme sophistiqué de renseignement sur les déplacements, développant des bases de données qui suivaient les vols et les listes de passagers à des fins d’espionnage », précisaient deux anciens responsables de la CIA.

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