La cyber et la théorie des trois enveloppes

cyber attaque
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Quand on termine la lecture de Dette, 5 000 ans d’histoire de David Graeber (aussi connu pour avoir écrit Bullshit Jobs), deux idées viennent immanquablement en tête. La première, c’est : Waouh ! Nom d’une brouette en inox, combien de temps lui a-t-il fallu pour pondre un pavé pareil (plus de 600 pages écrites en tout petit) truffé d’anecdotes, de références historiques et bibliographiques, bref, quasi le travail d’une vie ? Et la seconde, c’est que l’on ne comprend plus rien à ce qu’est véritablement une dette – je suis tout à fait sérieux, j’avais eu exactement la même impression en terminant L’Irrésistible Ascension de l’argent de Niall Ferguson, comme quoi ces concepts ne sont pas aussi triviaux qu’il n’y paraît. Et encore moins à la question : Qui doit quoi à qui ?

L’État français accuse une dette publique qui dépasse 3 000 milliards d’euros, certes. Mais en même temps un État n’est pas un pays, et l’encours des ménages français en produits de taux (livrets, comptes courants, assurances-vie en euros, etc.) dépasse ce même montant. Alors, qui doit de l’argent à qui ? À la fin du vaste ouvrage de David Graeber, cette question n’a toujours pas de réponse.

Le rapport avec la cyber ? Une bonne partie des problèmes rencontrés par les experts cyber est à mettre sur le compte de ce qu’il est convenu d’appeler la « dette technique ». Traduction en bon français : si nos SI sont aussi troués qu’un fromage, c’est à mettre sur le compte des OS pas à jour, qui sont dus aux middlewares pas à jour, aux applications pas à jour, etc. Dans cette vision, il s’agit d’une dette des MOA (ou des DG, ce qui revient au même) envers le SI dans le sens où ils ne payent pas ce qu’ils devraient en matière de coût de maintenance.

Pourquoi pas, mais les MOA passent leur temps à faire le grand écart entre les désidérata de leurs clients (dans le privé) ou donneurs d’ordres/financeurs (dans le public), qui exigent d’eux ce qu’ils n’ont pas les moyens de financer. Alors qui est redevable de cette dette, et à qui ? Et ces mêmes clients/donneurs d’ordres de se plaindre des tarifs/impôts/taxes trop élevés à leurs yeux qui justifieraient de la baisse desdits tarifs sans révision des services rendus. Alors, qui doit quoi à qui ?

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