Les 2/3 des mineurs européens sont contre l’analyse de leurs messages persos

Mineurs europeens
Mineurs europeens

66 % des mineurs sont opposés à ce que les fournisseurs Internet scannent les messages personnels pour y trouver des contenus suspects, comme le prévoit le projet de règlement CSAR (pour « Child sexual abuse regulation », règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels visant les enfants) de la Commission européenne (voir notre article).

Alors que CSAR exigerait que les services de messagerie et de chat vérifient l’âge de leurs utilisateurs, excluant de fait les communications anonymes, 56 % des répondants soulignent que l’anonymat est important pour leurs activités politiques (15 % que ce n’est pas important), et 59 % pour explorer leur sexualité (contre 20% pour qui ce n’est pas important). 80 % expliquent qu’ils ne seraient pas à l’aise à agir politiquement ou à explorer leur sexualité si leurs conversations étaient surveillées ou scannées.

Ces chiffres émanent d’un sondage effectué à la demande du Parti Pirate au parlement européen et de l’ONG European Digital Rights (EDRi) effectué auprès de 8 007 mineurs âgés de 13 à 17 ans dans 13 pays européens, dont la France et l’Allemagne.

Seuls 2 % des mineurs interrogés pensent que l’analyse de toutes les communications privées à la recherche de contenu préjudiciable serait la méthode « la plus efficace et la plus appropriée pour les protéger des dommages sur Internet ». Et seuls 5 % pensent qu’interdire aux mineurs d’utiliser les applications de communication et de chat serait la meilleure solution.

37 % suggèrent d’améliorer les mécanismes permettant aux mineurs de signaler les cas de manipulation à visée sexuelle (« grooming ») et de s’assurer qu’ils sont suivis de manière adéquate et efficace. Et 43 % estiment que l’amélioration de l’éducation aux médias et la formation des mineurs aux risques et aux réponses appropriées constituent l’approche la plus efficace pour les protéger.

67 % des mineurs interrogés utilisent des applications de communication chiffrées comme WhatsApp ou Signal, et 31 % des applications de communication, de rencontre, ou d’autres applications leur permettant d’échanger, de façon consensuelle, des photos intimes.

CSAR voudrait également empêcher les mineurs d’installer des applications leur permettant de communiquer avec des adultes (comme WhatsApp), en invoquant le risque de détournement d’enfants. Mais 56 % des mineurs interrogés s’opposent à cette proposition (29 % y sont favorables), 68% expliquent qu’il est important pour eux de pouvoir communiquer avec les adultes (18 % que ce n’est pas important), et 85 % qu’ils trouveraient « probablement ou certainement » un adulte pour les aider à contourner les restrictions d’âge.

Patrick Breyer, l’eurodéputé pirate en pointe contre ce projet qualifié de « #ChatControl », relève par ailleurs que « les filles ont des opinions similaires à celles des garçons » et que « les réponses ne dépendent pas significativement du sexe ».