L’être humain est-il l’animal du métavers ?

L’être humain est-il l’animal du métavers ?

Facebook a récemment annoncé son changement de nom en « Méta », ainsi que son désir de conquérir ce nouveau monde qu’est le « métavers ». Et si la tentation de cette réalité alternative était le symptôme d’un mal contemporain prenant ses racines dans un fantasme bien plus ancien ? Une tribune de Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie et autrice du livre Tous centaures ! Éloge de l’hybridation (Le Pommier, 2020).

Le progrès technologique rend désormais tangible le rêve de créer un « méta-univers », un monde virtuel, persistant, interactif, interconnecté et immersif.  À la réalité nue vient s’ajouter des réalités parées de qualificatifs : réalité virtuelle, réalité augmentée, réalité fictionnelle… La réalité est-elle devenue ennuyeuse au point qu’elle ne nous suffit plus et que nous avons besoin d’en inventer d’autres ? Aurions-nous déjà épuisé cette ressource naturelle limitée ?

Du besoin de maîtriser l’incertain…

En étudiant de près la pensée occidentale, de l’Antiquité à nos jours, on voit trois manières successives d’aborder le monde : l’humanisme, l’anthropocentrisme et le transhumanisme. Les Présocratiques, puis Platon, Aristote et les autres avaient pour objectif, en construisant progressivement les sciences, d’expliquer la nature. L’être humain n’était plus comme « jeté » dans l’univers, parmi les autres animaux ; il devenait peu à peu un sujet, capable de penser le monde. L’incompréhensible se métamorphosant en compréhensible ; on découvrait des causes et des conséquences aux événements et, ce faisant, on était capable de les anticiper. L’incertain, l’homme le transformait en prévisible, du moins en explicable. C’était l’avènement de l’humanisme, qui faisait entrer l’être humain dans l’histoire du monde. Pas encore de métavers, mais un besoin de tout savoir de l’univers…

 

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