Une lettre ouverte contre les sept projets de loi anti-chiffrement

LOI ANTI CHIFFREMENT
LOI ANTI CHIFFREMENT

Plus d’une quarantaine d’organisations (dont l’Internet Society, Mozilla, Proton, Nextcloud, Tor Project et Tutanota) viennent de signer, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, une lettre ouverte aux dirigeants du monde entier pour défendre le droit à la vie privée, et donc au chiffrement, garant de la liberté d’expression.

« Les attaques gouvernementales contre les services chiffrés menacent la vie privée et mettent les utilisateurs en danger », avancent les signataires : « cela peut sembler être un problème lointain auquel sont principalement confrontés les pays autoritaires, mais la menace est tout aussi réelle et frappe aux portes des nations démocratiques ».

De nombreux pays de l’UE, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie voudraient en effet « obliger les messageries chiffrées à mettre en place des portes dérobées ou à bloquer l’accès à des outils et services chiffrés tels que Tor, Signal ou Tutanota », dont dépendent de nombreux journalistes, lanceurs d’alerte et militants.

La lettre ouverte mentionne ainsi plusieurs « initiatives inquiétantes » telles que le projet Online Safety Bill au Royaume-Uni, le Lawful Access to Encrypted Data Act et le EARN IT Act aux États-Unis, l’India’s Directions 20(3)/2022 – CERT-In, le projet de loi C26 au Canada, la Surveillance Legislation Amendment Act en Australie ainsi que les règles proposées pour prévenir et combattre les abus sexuels sur les enfants dans l’UE, qui veulent forcer les messageries chiffrées à affaiblir la sécurité de leurs utilisateurs et à donner aux forces de l’ordre l’accès aux informations des utilisateurs sur demande.

Des services tels que SignalTutanota et Threema ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’affaibliraient pas leur chiffrement pour se conformer à de telles stipulations, obligeant probablement des pays comme le Royaume-Uni à bloquer l’accès à ces services, ce qui le placerait « au même niveau que les systèmes autocratiques comme la Russie et l’Iran », relèvent les signataires :

« Aujourd’hui, Journée mondiale de la liberté de la presse, nous exhortons les dirigeants démocratiques à ne pas suivre la voie des gouvernements autoritaires comme la Russie et l’Iran, qui limitent activement l’accès de leurs citoyens aux messageries chiffrées. C’est essentiel pour garantir la sécurité en ligne, le développement libre et sécurisé de l’identité, l’autodétermination, la liberté d’expression, la liberté de la presse et d’autres droits qui sont au cœur de la démocratie. »