Fakir et Mediapart révèlent une entreprise (française) de désinformation massive

Fakir et Mediapart révèlent une entreprise (française) de désinformation massive

Le journal Fakir révélait la semaine passée qu’un mystérieux cabinet d’intelligence économique avait commandé 595 « articles bidons », en cinq ans, à un « journaliste qui fait des ménages dans la com’, pour payer les factures », sous pseudos.

Jusqu’à ce qu’Avisa Partners, son employeur, lui commande « un article pour dézinguer François Ruffin » qu’il aimait bien et où travaillait un bon ami à lui, à la demande de LVMH, qui avait fait espionner l’équipe de Fakir. Il décide donc de rendre l’affaire publique, dans le journal même du député et journaliste insoumis.

Il précisait notamment que ces faux articles étaient publiés «  sur des sites d’information spécialisés, alternatifs, ou sur les blogs de médias reconnus (Mediapart, Huffington Post, Les Échos…) ».

Mediapart, qui enquêtait depuis des mois au sujet de ce qu’il qualifie de « l’une des plus grandes entreprises de manipulation de l’information intervenue en France ces dernières années », a ainsi découvert rien moins que 634 « faux » billets de blog publiés dans son propre espace participatif, rattachés à plus de 100 profils.

Codirigée par un proche de Sarkozy et de Zemmour, Arnaud Dassier, y travaillaient notamment l’actuelle porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire ou l’ancienne plume d’Emmanuel Macron à l’Élysée Sylvain Fort, qui « vient de faire ses cartons de l’entreprise pour des raisons éthiques, selon La Lettre A » :

« Co-organisatrice avec la gendarmerie nationale du Forum international de la cybersécurité (FIC), le principal événement européen sur les questions de la sécurité et de confiance numérique, Avisa Partners rassemble – ou a rassemblé – en son sein des figures du renseignement, du monde des affaires, de la politique ou de la diplomatie. »

Questionné par Mediapart, Avisa Partners estime que l’on « présente comme “manipulation de l’information” une activité qui est en réalité une prestation d’accompagnement ou de mobilisation qui permet à [ses] clients de contribuer légalement et utilement au débat public ». La société insiste sur le fait qu’il s’agit de « contenus sourcés et objectifs, parfois d’opinion, mais jamais mensongers et diffamatoires ».

Mediapart n’en pas moins identifié de nombreuses tribunes visant à « noircir la réputation d’une entreprise concurrente au moment d’un appel d’offres ou, pour un régime autocratique, de faire croire à l’existence d’informations gênantes sur un opposant ».

Au nombre de ses clients : l’autocratie du Kazakhstan, « pour l’organisation d’une exposition internationale, la pétromonarchie du Qatar pour la promotion de ses investissements en Europe et du Mondial 2022 », ou encore « la multinationale pharmaceutique et agrochimique Bayer pour la publication de contenus sur les réseaux sociaux afin de « contrer l’activisme anti-OGM » ».

Le journal a chargé son avocat « d’étudier toutes les suites judiciaires pour faire sanctionner des pratiques qui corrompent le débat public, en violant ses règles éthiques et démocratiques ».

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