Il y a vingt ans s’éteignait St. Jude, pionnière du cypherpunk

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Judith Milhon, alias « St. Jude », s’est éteinte il y a vingt ans. Méconnue, cette figure de la cyberculture est pourtant à l’origine du mot , association du verbe to cypher (chiffrer) et de punk. 
Celui-ci qualifie un courant de la contre-culture cyber qui, en pleine guerre froide, a prôné le chiffrement des échanges au nom de la protection de la vie privée et de l’anonymat. La mouvance cypherpunk rencontre désormais un grand succès du côté des communautés adeptes du Bitcoin.

En 1973, St. Jude participe à la création du « Community Memory Project », l’un des tous premiers bulletin board system (BBS), raconte Le Monde. En 1988, elle s’associe à R.U. Sirius, une autre figure de la contre-culture cybernétique, pour créer Mondo 2000, un magazine dédié à des thèmes très actuels – intelligence artificielle, transhumanisme, réalité virtuelle…

Défenseuse de la cause de femmes et des noirs américains – elle a notamment participé à la marche pour les droits civiques de Selma –, Judith Milhon a aussi pris positions pour la libre circulation des drogues et des capitaux et qualifié l’État américain d’ « ennemi des libertés », adoptant dans ces cas-là des positions libertariennes.

La hackeuse était convaincue que l’égalité serait atteinte grâce aux technologies plutôt qu’aux luttes politiques. Comme le mouvement cypherpunk en général, écrit la journaliste Nastasia Hadjadji, St. Jude « défendait une éthique individualiste qui encourage les femmes à prendre leur place dans les espaces qui les excluent, sans pour autant chercher à critiquer le système produisant de l’exclusion ».

Vingt ans après son décès, le parcours de Judith Milhon vient autant éclairer l’effacement des femmes de l’histoire du numérique que la mesure dans laquelle les technologies apportent des réponses à des problématiques de société.